La résurgence de la Reigne

Au cœur du paysage verdoyant de Magny-Vernois, en Haute-Saône, venez découvrir un phénomène naturel aussi fascinant que méconnu : la résurgence de la Reigne. 

Un trésor caché sous nos pieds
La résurgence de la Reigne est ce que les spécialistes appellent une source vauclusienne : une rivière souterraine qui réapparaît à l’air libre après un parcours invisible à travers les entrailles de la terre. Ici, l’eau, filtrée par les roches calcaires du plateau, jaillit avec une pureté remarquable, formant un petit cours d’eau qui s’écoule paisiblement vers la vallée.
Pendant des décennies, ce lieu est resté discret, presque secret. Pourtant, son rôle écologique est majeur. La résurgence alimente en eau douce une zone humide propice à la biodiversité, abritant une flore et une faune adaptées à ces milieux si particuliers. Libellules, batraciens et plantes rares y trouvent un refuge précieux.

Un héritage à préserver
Si la nature a façonné ce site, l’homme en a aussi marqué l’histoire. Au XIXe siècle, la Reigne était déjà mentionnée dans les archives locales comme une source d’approvisionnement en eau pour les habitants et les animaux. Avec le temps, son débit a varié, parfois jusqu’à disparaître en période de sécheresse, avant de renaître avec les pluies abondantes.
Aujourd’hui, des aménagements légers, respectueux de l’environnement, permettent désormais aux promeneurs de découvrir ce lieu en toute sérénité. Un panneau explicatif, installé sur place, raconte son histoire et son fonctionnement, invitant les visiteurs à observer ce phénomène avec curiosité et respect.

Un site à découvrir, une nature à respecter
La résurgence de la Reigne n’est pas seulement un spectacle naturel : c’est un écosystème fragile, un témoignage du passé et un atout pour l’avenir. Pour les habitants de Magny-Vernois et ses alentours, c’est aussi une invitation à redécouvrir les richesses insoupçonnées de leur territoire.
Alors, si vous passez par là, prenez le temps de vous arrêter. Écoutez le murmure de l’eau, observez les reflets changeants de la lumière sur la surface… et souvenez-vous que sous nos pieds, la nature réserve encore bien des surprises.

Pour en savoir plus, renseignez-vous auprès de la mairie de Magny-Vernois ou consultez le sentier de randonnée suivant : https://www.pays-de-lure.fr/fiche-rando-la-reigne.pdf

Le moulin

Histoire du moulin de Magny-Vernois, un patrimoine industriel en mouvement

Né au milieu du XVIIIe siècle comme moulin banal (obligatoire pour les paysans locaux), le moulin de Magny-Vernois est d’abord la propriété de l’abbaye de Lure. En 1764, il est décrit comme un ensemble modeste : trois tournants, deux ribes (pour le blutage), une foule (pour fouler les draps ou le chanvre) et une huilerie. À l’époque, il fonctionne grâce à la force hydraulique de la Reigne, une rivière dérivée pour actionner ses roues.

1777–1786 : une reconstruction et un nouveau départ Le moulin est déplacé sur la rive sud du bief, puis reconstruit en 1786 (date gravée sur l’arcade du bâtiment d’eau). La Révolution française marque un tournant : vendu comme bien national en 1791, il passe entre les mains du sieur Richard, représenté par Naissant – un nom qui restera associé au moulin pendant des décennies.

Le XIXe siècle : l’âge d’or et les mutations techniques Le moulin connaît son apogée au XIXe siècle, marqué par des transformations majeures : – 1825 : Réglementation par ordonnance royale : le moulin devient un établissement officiel. – 1832 : Transformation radicale : les deux ribes et l’huilerie sont converties en moulin à blé. Un nouveau bâtiment, le “moulin de commerce”, est érigé (3 paires de meules). – Vers 1850 : Modernisation : remplacement des roues à palettes par une turbine et une roue à augets, sous l’impulsion du comte de Pourtalès (propriétaire des forges voisines). – 1857 : Vente aux associés Tiquet et Pergaud (également propriétaires des forges). – 1860–1872 : Nouveaux arrêtés préfectoraux pour reconstruire le vannage et réguler l’activité. Le moulin emploie 12 ouvriers en 1875 et est qualifié d’”important”. À cette époque, le moulin est un pôle économique local : il moud du grain jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, avant de décliner faute de modernisations suffisantes.

XXe siècle : le déclin et la reconversion Première moitié du XXe siècle : le moulin poursuit une activité réduite (mouture à la meule), puis devient un dépôt de céréales. 1968 : fin définitive de la meunerie. Le matériel est vendu, et le site est converti en établissement piscicole. Aujourd’hui : les bâtiments ont été réhabilités en logements.

Un héritage architectural préservé Le moulin se compose de plusieurs corps de bâtiment en moellon de grès enduit, couverts de tuiles plates ou mécaniques : Ateliers : 2 étages carrés + comble, toit à longs pans. Moulin de commerce : 1 étage carré + comble. Bâtiments agricoles (écurie, grange) : toit à demi-croupes. L’énergie hydraulique, d’abord produite par 6 roues à palettes (1821), puis par une turbine, reste le cœur de son fonctionnement historique.

Sources principales : Dossier IA70000291 (Inventaire du patrimoine, 2007) – Archives départementales de Haute-Saône et du Doubs.

L’église Saint Desle

Histoire de l’église de Magny-Vernois : un miroir de la vie villageoise au XIXᵉ siècle

1. Une construction née d’une mobilisation collective (1838–1842)
L’église de Magny-Vernois est le fruit d’une démarche citoyenne et solidaire, portée par les habitants et les élites locales.
Origine du projet : En 1838, le conseil municipal, poussé par le curé de Lure et les habitants, décide de construire une chapelle pour desservir le village. L’architecte Plaisonnet fournit les plans, et le Comte de Pourtalès (propriétaire des forges) offre le terrain + une souscription de 1 000 francs.
Financement participatif : Le 10 mars 1839, les villageois se réunissent pour souscrire en nature (moellons, tuiles, chaux, journées de travail) ou en argent. Les matériaux viennent des carrières locales (Grange du Vau, Saint-Germain).
Chronologie des travaux :
22 avril 1839 : Début des fondations (terminées le 9 mai).
10 juin 1839 : Bénédiction de la première pierre.
Décembre 1839 : La chapelle est couverte et bénie. Chaque habitant pose lui-même une dalle dans le chœur.
1840 : Achèvement de la nef, installation des bancs et du plancher. La sacristie est construite dans la foulée.
Statut religieux : Simple annexe de Lure au départ, elle devient paroissiale en 1842 (ordonnance de l’archevêque). Premier baptême en 1843, premier mariage en 1844.

2. Embellissements et tensions : l’empreinte des maîtres de forge (1840–1905)
Les maîtres de forge (famille Robinet, Tiquet, etc.) jouent un rôle clé dans l’enrichissement de l’église, reflétant leur puissance économique et leur piété.
1846–1856 : La cloche et le clocher
1846 : Fonte de la cloche Marie-Augustine (411 kg), financée par souscription. Elle est fêlée en 1850, refondue, puis bénie en 1851.
1856 : Construction du clocher-porche (style “flèche vers le ciel”), avec une horloge mécanique installée en 1873. Les initiales “R.M. 1856 G.C.” (Renaud Maire, Girardier Curé) y sont gravées.
1857 : Les vitraux sont offerts par les maîtres de forge (thèmes religieux et historiques, signés Gounon F. Nancy 1870).
Art et symboles :
Statues : Sainte Anne, Saint Joseph, Saint Desle (patron de l’église, dont une statuette contient des reliques).
Tableaux : Triptyque du chœur offert par Alphonse Gustave Robinet (1843) : Saint Éloi (patron des forgerons), Résurrection du Christ (inspiré de Van Loo), Prédication de Saint François Xavier.
Plafond : Peint en 1864 par Paul Gustave Robinet (fils d’Alphonse, prix de Rome), représentant le ciboire et l’hostie.
1905 : La crise de la Séparation À la loi de 1905, les donateurs (menés par l’abbé Lavey) refusent l’inventaire des biens, arguant qu’ils en restent propriétaires. L’inventaire a lieu malgré tout le 12 mars 1906, sous tension.

3. Guerres, restaurations et mémoire (XXᵉ siècle)
L’église traverse les conflits et les modernisations, tout en conservant son âme historique.
1944 : Trois vitraux sont brisés par les bombardements (17 septembre). Ils sont réparés en 1947 (dommages de guerre), puis consolidés en 1954.
1950 : Le clocher est reconstruit à neuf (4 500 ardoises), et le coq bénit en 1951.
1976 : La cloche Marie-Augustine, fêlée après 126 ans, est refondue par Bollée (Orléans) et électrifiée. Ses nouveaux parrain/marraine sont tirés au sort parmi les jeunes du village.
1983–1984 : Rénovation majeure : la grille de communion (don des maîtres de forge) est déplacée, et les autels latéraux sont réaménagés.
1991 : L’horloge mécanique (1873) est remplacée par une pendule radio-pilotée.

Sources : Archives communales de Magny-Vernois, registres paroissiaux, délibérations municipales (1838–1906).

Histoire de Magny-Vernois

Origines et Topographie : Né d’une grange monastique (“Maignie”), le village a été façonné par sa géographie difficile, un territoire marécageux (“Vernois”) situé entre les rivières de la Reigne et de l’Ognon. La survie et l’expansion de la communauté ont dépendu du travail colossal de drainage et de canalisation entrepris par les premières générations.

La Seigneurie Abbatiale : Jusqu’en 1789, Magny-Vernois vécut sous la double autorité, souveraine et seigneuriale, de l’Abbé de Lure. Bien que les habitants aient été affranchis de la mainmorte en 1449, ils restèrent soumis à de lourdes restrictions (formariage, interdiction de quitter le village) et à de nombreuses redevances et corvées (dîme, taille, guet et garde).

Les Épreuves des Guerres : Sa position frontalière et sa proximité avec Lure ont valu au village des souffrances considérables, notamment durant la Guerre de Trente Ans qui faillit l’anéantir, réduisant sa population à une poignée d’habitants en 1643. Les invasions de 1814-1815 et l’occupation prussienne de 1870-1871 ont également marqué la communauté.

Le Moteur Économique de la Forge : La transformation d’une ancienne papeterie en forge et haut-fourneau au XVIIe siècle, et son développement par la famille Rochet, a été le principal moteur de la croissance démographique et économique du village du XVIIIe au XIXe siècle. Cette industrialisation a créé une communauté ouvrière distincte, “les Forgerons”, dont l’intégration au reste du village fut lente et parfois conflictuelle.

Le XIXe Siècle : Croissance et Structuration : Après la Révolution, le XIXe siècle fut une période de forte croissance démographique, atteignant un pic de 898 habitants en 1851. Sous l’impulsion de maires bâtisseurs comme Joseph Vigneron, la commune se dote de ses infrastructures essentielles : mairie-école (1829), église (1839), cimetière (1843), presbytère (1847) et pont sur la Reigne (1866).

Le XXe Siècle : Conflits et Modernisation : Le siècle a été marqué par les deux guerres mondiales, qui ont coûté la vie à de nombreux enfants du village et imposé les épreuves de l’occupation. La période d’après-guerre a vu une modernisation accélérée (électrification, adduction d’eau, assainissement) et une nouvelle croissance démographique, portée par l’installation d’entreprises importantes comme VETOQUINOL, qui a fait connaître le nom de Magny-Vernois bien au-delà de ses frontières.

1. Origines et Développement sous la Seigneurie de Lure
1.1. D’une Grange Monastique à un Village
L’étymologie de Magny-Vernois révèle ses origines modestes. “Magny” dérive du vieux français Maignie, signifiant “maison rurale”. Le village n’était à l’origine qu’une grange, un domaine agricole exploité directement par les moines de l’Abbaye de Lure pour subvenir à leurs besoins. Progressivement, le travail de la terre fut délégué aux serfs, qui cultivaient les terres pour leur propre compte en échange de redevances en nature ou en argent, appelées cens.
Le village n’apparaît pas dans la bulle papale d’Alexandre III de 1178 énumérant les possessions de l’abbaye, ce qui indique une fondation postérieure. Le premier document officiel mentionnant Magny-Vernois est la charte d’affranchissement de la mainmorte accordée par l’Abbaye en 1449. La mainmorte était une servitude féodale qui stipulait qu’à la mort d’un serf, ses terres revenaient au seigneur. Cet affranchissement, probablement accordé en compensation des ravages causés par les Écorcheurs, visait à encourager les habitants à reconstruire et repeupler le village.
1.2. Un Territoire Façonné par l’Eau
Le qualificatif “Vernois” (lieu planté de vernes) et de nombreux noms de lieux-dits (la Noye, les Trembles, les Marchis) témoignent de la nature marécageuse du territoire, situé entre la Reigne et l’Ognon sur une nappe phréatique élevée. Les premiers habitants et leurs descendants ont dû mener un combat incessant contre l’eau en creusant un vaste réseau de fossés pour drainer les terres et les rendre habitables et cultivables.
Les inondations restèrent un problème récurrent pendant des siècles, comme en témoignent les rapports officiels :
En 1805, le Maire Courtot déplore que le comblement de fossés par de nouveaux propriétaires ait provoqué des inondations, rendant le village constamment humide et source de maladies.
En 1842, un agent voyer note que le chemin vicinal vers Lure est fréquemment submergé, coupant les communications.
Une solution durable ne fut trouvée qu’en 1890 lors de la construction de la ligne de chemin de fer Lure-Besançon. L’extraction de gravier dans le canton des Marchis créa un bassin de rétention, “la Drague”, qui capta les eaux de ruissellement du Mont-Randon.
1.3. La Vie sous l’Autorité de l’Abbé Prince
En tant que membre de la principauté de Lure, le village était soumis à l’autorité de l’Abbé, qui était à la fois son souverain et son seigneur. Les habitants lui devaient allégeance sous l’égide du Saint-Empire Romain Germanique.
L’affranchissement de 1449 n’était pas total et s’accompagnait de restrictions sévères rappelées dans les Reconnaissances de 1572 :
– Obligation de Résidence : Les habitants ne pouvaient posséder leurs biens que s’ils résidaient “entre les 4 croix” délimitant le village.
– Formariage : Se marier et s’établir hors du village entraînait la saisie de tous les biens par le seigneur (commise).
– Droit d’Échute : En l’absence d’héritier direct résidant au village, les biens revenaient à l’abbé.
– Droit de Réception : Tout nouvel arrivant devait payer un droit à l’abbé et aux habitants.
Outre ces restrictions, les habitants étaient soumis à de nombreuses redevances et corvées jusqu’à la Révolution de 1789 :
– La Taille : Un impôt annuel fixe de 36 livres, 13 sols, 4 deniers.
– Le Guet et Garde : Une taxe remplaçant l’obligation de garde à l’abbaye.
– La Dîme : Une gerbe de grain sur dix revenait à l’abbaye.
– La Géline : Une poule due par chaque chef de ménage à la Saint-Martin.
– Les Corvées : Travaux obligatoires de fauchage, de moisson et de transport pour le compte de l’abbé.
– Droits Exclusifs : L’abbé se réservait le droit de pêche dans une partie de la Reigne et le droit de chasse. Le moulin du village était banal, obligeant les habitants à y moudre leur grain.
En 1555, face à l’étroitesse de leur territoire, les habitants obtinrent de l’abbé Jean Rodolphe Stoer le droit de pâturage pour leur bétail dans les forêts seigneuriales, en échange d’une somme de 120 écus d’or.

2. La Forge et le Moulin : Cœurs Économiques du Village
2.1. La Forge : De la Papeterie à l’Usine Métallurgique
L’histoire de la Forge est centrale dans le développement de Magny-Vernois.
1. La Papeterie (XVIe siècle) : Fondée par l’abbé Jean Rodolphe Stoer, la papeterie fut ruinée lors de l’invasion suédoise de 1634.
2. Le Haut-Fourneau (1659) : Le site, en ruines et au milieu d’un marais, fut loué par la ville de Lure à Bernardin Mazet pour y construire un haut-fourneau.
3. L’Ère Rochet (à partir de 1707) : Edme Rochet et son fils reconstruisirent et développèrent l’usine. Ils réalisèrent d’importants travaux de canalisation de la Reigne, ce qui contribua à l’assainissement du village. Leur principale motivation pour s’installer dans ce lieu “désert” était l’assurance d’un approvisionnement en eau constant, évitant les arrêts de production dus à la sécheresse ou au gel.
4. Apogée et Déclin : La Forge devint l’un des plus importants sites sidérurgiques du département, employant jusqu’à 200 ouvriers vers 1866. Cependant, la concurrence des hauts-fourneaux lorrains, qui adoptèrent le coke (plus économique que le charbon de bois), entraîna la fermeture du haut-fourneau en 1867, puis de la forge en 1885. Seule une fonderie d’appareils de chauffage subsista.
Ce pôle industriel créa une communauté ouvrière distincte, logée à l’usine. Ces “Forgerons” ne se considéraient pas comme des habitants à part entière, ce qui mena à des litiges, notamment en 1759 (refus d’offrir le pain bénit) et en 1887 (refus du conseil municipal de leur accorder le droit d’affouage).
2.2. Le Moulin et l’Île
Mentionné dès 1408, le moulin banal de l’abbaye était situé sur la rive droite de la Reigne. Au fil du temps, des alluvions formèrent une presqu’île, la “Languette”. Entre 1748 et 1777, le Chapitre de Lure aménagea cette Languette en digue pour canaliser la rivière, créant ainsi une île artificielle. Le moulin fut reconstruit sur cette île. Après la Révolution, la vente du moulin comme bien national donna lieu à un long litige entre le nouveau propriétaire, Naissant, et la commune, qui revendiquait la propriété de l’île. Un jugement reconnut finalement l’île comme propriété du meunier, mais accorda à la commune le droit de passage.

3. Des Troubles Révolutionnaires aux Guerres Mondiales
3.1. La Période Révolutionnaire et l’Empire (1789-1815)
En 1789, le village comptait 470 habitants. Le cahier de doléances du 20 mars 1789 réclamait l’abolition des droits seigneuriaux. Les habitants participèrent à l’insurrection de Lure en juillet. La période fut marquée par de lourdes réquisitions militaires pour l’armée du Rhin et des récoltes catastrophiques en 1794-1795, qui entraînèrent une grave pénurie. Un Comité Révolutionnaire de Surveillance fut actif mais ne trouva aucun “suspect” notable dans la commune.
Les invasions alliées de 1814 et 1815, après les défaites de Napoléon, virent le retour des cantonnements et des réquisitions. En 1815, la municipalité organisa une gestion collective des ressources pour répartir équitablement les charges et éviter les pillages.
3.2. Le XIXe Siècle : L’Âge d’Or Démographique et Bâtisseur
Le XIXe siècle fut une période de forte expansion. La population passa de 477 habitants en 1815 à un sommet historique de 898 en 1851. Cette croissance s’accompagna d’une modernisation des infrastructures, principalement sous le mandat du maire Joseph Vigneron :
– 1829 : Achat d’une maison pour y installer la mairie et l’école.
– 1838-1839 : Construction de l’église, fruit d’un effort collectif de tous les habitants qui fournirent matériaux et main-d’œuvre. Elle fut érigée en paroisse en 1842.
– 1843 : Création du cimetière communal, rendue nécessaire car les inhumations ne pouvaient plus se faire à Lure.
– 1856 : Ajout du clocher à l’église.
– 1866 : Construction du pont sur la Reigne, une avancée majeure qui mettait fin à l’isolement d’une partie du territoire accessible uniquement par un gué.
La guerre de 1870-1871 ramena l’occupation prussienne, les réquisitions et un souvenir amer pour les habitants. La fin du siècle vit le déclin de la Forge et une baisse de la population.
3.3. Le XXe Siècle : Tensions Politiques et Conflits Mondiaux
La Troisième République fut marquée par de vives tensions politiques entre le clan républicain anticlérical, mené par J.B. Véjux, et le parti conservateur et clérical de la Forge, dirigé par la famille Pergaud. Ces querelles culminèrent avec la suppression du traitement du curé, l’abbé Lavey, et une tentative d’expulsion du presbytère.
La Première Guerre mondiale (1914-1918) : Le village paya un lourd tribut avec 16 morts pour la patrie. Situé à l’arrière du front, il servit de lieu de cantonnement et de repos pour les troupes, notamment celles revenant de l’enfer de Verdun en 1916. L’armistice fut suivi de la terrible épidémie de grippe espagnole, qui causa 10 décès.
La Seconde Guerre mondiale (1939-1945) : Après la “drôle de guerre”, l’occupation allemande commença le 18 juin 1940. La période fut marquée par le rationnement, les réquisitions et le Service du Travail Obligatoire (STO). La Résistance fut active, notamment autour de l’abbé Maley et de Louis Bertrand, qui mourut en déportation. En été 1944, un escadron de cosaques de l’armée Vlassov, des supplétifs brutaux de l’armée allemande, occupa la Forge et sema la terreur. La Libération eut lieu le 16 septembre 1944 avec l’arrivée des troupes américaines, après des combats et des bombardements qui endommagèrent plusieurs bâtiments, dont l’église.

4. L’Ère Moderne : Reconstruction et Expansion
Après la guerre, la commune connut une période de reconstruction et de modernisation. La population, tombée à un minimum de 489 habitants en 1946, entama une croissance constante pour dépasser le pic de 1851 en 1982 avec 927 habitants
Les principales réalisations de l’après-guerre incluent :
Éducation : Face à l’augmentation des effectifs, un nouveau groupe scolaire fut construit en 1955, puis agrandi à plusieurs reprises.
Infrastructures :
1965 : Adduction d’eau potable, via l’adhésion au Syndicat des Eaux de Gouhenans.
1966 : Mise en place d’un réseau d’égouts, contribuant à l’assainissement général du village.
1973 : Rénovation de l’éclairage public.
Le village a également bénéficié de l’implantation d’entreprises majeures comme la Société Bertrand Faure Epeda et le laboratoire VETOQUINOL, qui a largement contribué à la renommée contemporaine de Magny-Vernois.

Données Démographiques Clés

Année Population Événement marquant
1572 ~60 12 chefs de ménage
1643 ~7 Après la Guerre de Trente Ans
1688 61 Lente reprise démographique
1789 470 Révolution française
1815 477 Fin de l’ère napoléonienne
1851 898 Pic historique du XIXe siècle
1901 568 Déclin de la Forge
1921 556 Après la Première Guerre mondiale
1946 489 Minimum historique post-1789
1982 927 Nouveau record de population
1990 1050 Croissance continue

Liste des Maires depuis la Révolution (non exhaustive)

Nom Période (début ou mandat)
Nicolas Bardot 1794 – 1795
Jean Pierre Brun 1795
Antoine Sebille 1800
François Courtot 1805 – 1814
Joseph Vigneron 1828 – 1843
Joseph Renaud 1848 – 1871 (avec pauses)
Gabriel Liéval 1871 – 1880
François Vejux 1888 – 1896
Jean Girardot 1930 – 1977
Michel Dubois 1977 – 1989
Guy Dechambenoit 1989 – 2019
Luc Ortega Depuis 2019