Le moulin

Histoire et Patrimoine
Carte

Histoire du moulin de Magny-Vernois, un patrimoine industriel en mouvement

Né au milieu du XVIIIe siècle comme moulin banal (obligatoire pour les paysans locaux), le moulin de Magny-Vernois est d’abord la propriété de l’abbaye de Lure. En 1764, il est décrit comme un ensemble modeste : trois tournants, deux ribes (pour le blutage), une foule (pour fouler les draps ou le chanvre) et une huilerie. À l’époque, il fonctionne grâce à la force hydraulique de la Reigne, une rivière dérivée pour actionner ses roues.

1777–1786 : une reconstruction et un nouveau départ Le moulin est déplacé sur la rive sud du bief, puis reconstruit en 1786 (date gravée sur l’arcade du bâtiment d’eau). La Révolution française marque un tournant : vendu comme bien national en 1791, il passe entre les mains du sieur Richard, représenté par Naissant – un nom qui restera associé au moulin pendant des décennies.

Le XIXe siècle : l’âge d’or et les mutations techniques Le moulin connaît son apogée au XIXe siècle, marqué par des transformations majeures : – 1825 : Réglementation par ordonnance royale : le moulin devient un établissement officiel. – 1832 : Transformation radicale : les deux ribes et l’huilerie sont converties en moulin à blé. Un nouveau bâtiment, le “moulin de commerce”, est érigé (3 paires de meules). – Vers 1850 : Modernisation : remplacement des roues à palettes par une turbine et une roue à augets, sous l’impulsion du comte de Pourtalès (propriétaire des forges voisines). – 1857 : Vente aux associés Tiquet et Pergaud (également propriétaires des forges). – 1860–1872 : Nouveaux arrêtés préfectoraux pour reconstruire le vannage et réguler l’activité. Le moulin emploie 12 ouvriers en 1875 et est qualifié d’”important”. À cette époque, le moulin est un pôle économique local : il moud du grain jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, avant de décliner faute de modernisations suffisantes.

XXe siècle : le déclin et la reconversion Première moitié du XXe siècle : le moulin poursuit une activité réduite (mouture à la meule), puis devient un dépôt de céréales. 1968 : fin définitive de la meunerie. Le matériel est vendu, et le site est converti en établissement piscicole. Aujourd’hui : les bâtiments ont été réhabilités en logements.

Un héritage architectural préservé Le moulin se compose de plusieurs corps de bâtiment en moellon de grès enduit, couverts de tuiles plates ou mécaniques : Ateliers : 2 étages carrés + comble, toit à longs pans. Moulin de commerce : 1 étage carré + comble. Bâtiments agricoles (écurie, grange) : toit à demi-croupes. L’énergie hydraulique, d’abord produite par 6 roues à palettes (1821), puis par une turbine, reste le cœur de son fonctionnement historique.

Sources principales : Dossier IA70000291 (Inventaire du patrimoine, 2007) – Archives départementales de Haute-Saône et du Doubs.